Jeudi 27 juillet: Où part l’énergie de l’océan ?

Où part l’énergie de l’océan ?

par Bruno

Le vent, la chaleur apportée par le soleil, les précipitations et l'évaporation sont autant d'éléments qui mettent l'océan en mouvement en permanence. Qui dit mouvement océanique dit énergie, selon le célèbre E=mc2 d'Einstein. La marée, due à l'attraction réciproque entre la Lune, le soleil, les planètes et la Terre, représente une autre source d'énergie qui met en mouvement l'océan continuellement.

Si l'énergie apportée à l'océan par tous ces éléments n'étaient jamais enlevée, les courants océaniques s'intensifieraient jour après jour. Heureusement pour nous, l'énergie est dissipée! Les courants océaniques sont donc dans un certain état d’équilibre entre les éléments apportant de l'énergie et la dissipation de cette énergie. Bien comprendre l'évolution des courants océaniques impose donc de mieux connaître où l'on observe de la dissipation d'énergie et pour quelles raisons.

Ainsi, entre en jeu l'un des nombreux instruments de mesure utilisés à bord: le VMP (acronyme anglophone signifiant Profileur Vertical de Microstructure). Cet instrument mesure avec précision la dissipation d'énergie de la surface au fond de l'océan. Il peut atteindre une profondeur maximale de 6000 m. Lorsque le navire est en station, l'instrument de 170 kg et d'une longueur de 3 m est déployé

sur le côté tribord du navire à l'aide d'un treuil. Il est alors largué dans l'eau. Lesté de deux barres de 5 kg de fer, l'instrument coule alors à 60 centimètre par seconde en toute autonomie. Parvenu à 80 à 100 m au dessus du fond, l'instrument largue ses lests et remonte alors à 1 mètre par seconde vers la surface grâce à ses flotteurs (en jaune sur les photos).

Arrivé en surface, le petit jeu consiste à localiser son anneau de récupération de 60 cm de diamètre qui seul dépasse de l'eau avec parfois un peu de jaune (Photo 1)! Autant dire qu'il faut de bons yeux, d’autant plus que brumes et brouillards sont très fréquents dans la région! Heureusement, il est doté de trois balises (Photo 2): un flash qui nous permet de le repérer immédiatement de nuit; une balise radio qui nous permet d'avoir la direction dans laquelle il se trouve toutes les 5 secondes grâce au goniomètre du bord; en dernier recours, une balise GPS qui transmet toutes les 30 minutes la position précise du VMP par satellite. Il lui arrive aussi fréquemment d’être escorté par quelques fulmars bien curieux !

Approcher l'Atalante de 85 m de long de ce petit instrument flottant à la surface et le faire longer la coque jusqu'à ce que l'équipage parvienne à le gaffer requiert toute l'adresse de l'équipage (Photo 3). Vent, vagues, houle et courants de surface ne sont pas là pour rendre cette tâche aisée! Mais le professionnalisme de l'équipage est le plus fort! Quatre scientifiques (Olivier, Michel, Brian et Bruno) s'occupent de cet instrument jour et nuit avec l'aide de l'équipage.

A ce jour, 25 profils ont déjà été recueillis. D'ici la fin de campagne, nous espérons doubler voire tripler ce chiffre. Nous passerons encore de nombreuses heures à veiller 24h sur 24 au bon déroulement de ces délicates opérations.

Bruno